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Université et marché du travail en Tunisie : deux mondes parallèles ?‎
  
   

التاريخ : 31-12-2021 مطالعات : 1913

Par : Dhouha NASRI*

‎L’employabilité et la productivité de la main d’œuvre sont deux piliers incontournables du schéma ‎de développement économique du pays. Elles représentent des défis majeurs pour les entreprises ‎dans leurs plans d’investissements, d’expansion et d’internationalisation. Avec la montée du ‎nombre des diplômés du supérieur chaque année, l’université s’impose comme la source ‎principale des ressources humaines sur le marché de l’emploi. Cependant, et depuis plusieurs ‎années, le système éducatif tunisien souffre d’une série des dysfonctionnements majeurs ‎impactant la qualité de produit offert et par conséquent la performance de l’appareil productif et ‎les perspectives évolutives du marché de l’emploi. Le talon d’Achille de ce système reste ‎l’inadéquation structurelle entre les profils demandés par les entreprises et les compétences des ‎diplômés de l’enseignement supérieur. Ce gouffre qui pèse lourdement sur l’université, les ‎diplômés et les entités économiques a fait l’objet de plusieurs études et des pistes de réformes, ‎mais l’efficacité de ces mesures reste limitée à l’aune du taux de chômage élevé et de ‎l’insatisfaction d’entreprises de la qualité des diplômes offerts sur le marché de l’emploi.‎

L’université tunisienne : machine à produire des diplômes

Suite à la démocratisation de l’enseignement en Tunisie, le taux de scolarisation a augmenté ‎considérablement touchant ainsi tous les niveaux d’instruction. Entre 2011 et 2018, le nombre des ‎diplômés actifs a augmenté en moyenne et par trimestre de1.449%.Cette stratégie de la ‎massification de l’enseignement supérieur a été conjuguée à une déconnexion quasi totale entre ‎l’université et le monde du travail .La résultante directe de ces deux caractéristiques était le ‎décalage quantitatif et qualitatif structurel qui existe entre le produit du système d’enseignement ‎et les exigences du marché de l’emploi : alors que le nombre des postes d’emploi créés est de ‎l’ordre de 63 mille emplois (moyenne annuelle entre2006-2015),le nombre des chômeurs a ‎dépassé 600 mille personnes dont 30.5% sont des diplômés de l’enseignement supérieur(insérer ‎schéma).Les compétences et le savoir-faire de ce sureffectif de demandeurs d’emploi ne ‎correspondent souvent pas aux besoins d’entreprises qui sont devenues de plus en plus ‎exigeantes pour des raisons de productivité et de compétitivité. Victimes d’un système ‎d’apprentissage régi par des méthodologies classiques et en complète déconnexion avec la réalité ‎économique et les mutations que subit le marché de l’emploi, les diplômés de l’enseignement ‎supérieur souffrent d’un manque cruel des compétences nécessaires pour l’insertion du monde ‎professionnel : les méthodes d’enseignement classiques leur ont coûté la rigidité et le manque de ‎souplesse dans la gestion de leur carrière. Trop attachés à leurs domaines de spécialisation, ils ‎n’acceptent pas l’exploration d’autres pistes professionnelles afin d’acquérir des nouvelles ‎capacités et aptitudes et élargir leur champ d’apprentissage. La focalisation accrue sur les notions ‎théoriques et la marginalisation des aspects pratiques est la raison principale derrière l’incapacité ‎des demandeurs d’emploi à s’insérer facilement dans le monde de l’entreprise et être productifs ‎dans un laps du temps réduit. Alors que les besoins d’entreprises et les exigences du marché de ‎l’emploi sont en train de subir des changements radicaux à cause de la progression technologique ‎et la numérisation de l’appareil productif, l’université est restée enfermée sur elle-même et ‎incapable d’intégrer ces nouvelles notions dans le processus de développement du capital humain. ‎Les étudiants ne savent pas grande chose sur le monde professionnel et les stages qu’ils font sont ‎souvent improductifs et ne leur permettent pas, dans la plupart des cas, de se doter des ‎qualifications nécessaires pour la réussite professionnelle et la gestion de carrière. La formation ‎fournie par l’université se limite au volet technique et n’accorde aucune importance au ‎développement des compétences personnelles, appelées aussi soft skills comme la ‎communication, le sens d’adaptation, le pouvoir de négociation, le travail en équipe, l’esprit ‎critique et l’innovation. Ces capacités sont devenues, aujourd’hui, des critères de sélection ‎primordiaux lors des entretiens d’embauche car elles reflètent la prédisposition du candidat à la ‎contribution au développement de l’entreprise et à la création de la valeur ajoutée.‎

Le rôle de l’université : S’ouvrir pour réformer

Depuis plusieurs années, il y a une prise de conscience générale de l’importance de la sortie de ‎l’université de sa bulle et de son ouverture sur le monde professionnel à travers l’établissement ‎des liens avec les entreprises et l’organisation des journées portes ouvertes pour aider les ‎étudiants à avoir une idée claire sur les perspectives professionnelles de leurs domaines de ‎spécialisation et les profils demandés par les entreprises ainsi que des conseils pour la préparation ‎aux entretiens d’embauche. Cependant, ces mesures restent ponctuelles et n’entrent pas dans le ‎cadre d’un dynamisme réformateur structurel et durable. L’université devrait faire participer les ‎entreprises dans l’élaboration des programmes et des méthodologies d’enseignement pour ‎réduire le gap entre les besoins du marché du travail et le produit du système éducatif. Faire ‎coïncider les connaissances inculquées aux étudiants avec les qualifications demandées par les ‎entreprises permettrait aux diplômés d’avoir une visibilité sur leur avenir professionnel et de ‎développer des compétences et des personnalités adaptées aux postes souhaités. Le partenariat ‎entre l’école ESPRIT et les sociétés spécialisées dans le domaine IT comme VERMEG et SUNGARD ‎pour le développement des compétences des ingénieurs est un bon exemple à suivre. L’autre ‎piste sur laquelle l’université devrait agir est la promotion de la culture de l’entreprenariat et son ‎intégration dans le cursus de l’enseignement pour toutes les spécialités. La coopération avec le ‎ministère de l’éducation dans ce sens est primordiale : l’entrepreneuriat et l’initiative privée ‎devraient être enseignés à partir de niveau primaire pour initier les élèves aux notions de ‎l’innovation, de la réflexion « out of box » et de la prise de risque. Le développement des capacités ‎entrepreneuriales des étudiants devrait être une finalité stratégique pour libérer les diplômés de ‎l’emprise de l’emploi salarial et leur donner d’autres perspectives de carrière. Etablir des ‎partenariats avec le tissu associatif pour faire intégrer les étudiants dans ce monde et les aider à ‎sortir de leur zone de confort et contribuer au développement de leur communauté à travers le ‎travail sur des projets à vocation multiples :Le travail associatif permettrait aux étudiants d’acquérir ‎des compétences personnelles qui leur faciliteront par la suite l’insertion professionnelle.‎

* Dhouha NASRI est un cadre bancaire, diplômée d'un Bachelor of Business Management du prestigieux TBS - Tunisian Business School et d'un Master en Administration des Affaires de l'ISCAE - l'Institut Supérieur de Comptabilité et d'Administration des Affaires de Tunis.

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